Poètes :

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Le sel de tous les temps

Serge Noël,  le 27.02.2016

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Un poème que je dédie pour l'occasion à mon ami Nganji
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chiffonniers traîne-misère ramasse-mégot
j'attends les parfums légers du printemps
nous sommes le condiment nécessaire du repas de la vie
nous sommes les passe-frontière la lie d'un vin fruité
idéal passionné d'un adolescent qui ne croit plus en dieu
Juif perpétuel voyageur qui ne s'embarrasse pas de patrie
nous désirons l'errance la loi sans fond des océans
travestis qui heurtez les bonnes âmes pleines de murs
travelotes adorées fleurs de pavé putes de ciel
nous rêvons chaque nuit des beaux guerriers masaïs
qui courent les prairies où la lune tressaille
j'attends les longs parfums des rêves qui m'assaillent
bébés noirs et radieux femmes aux croupes qui rient
réfugiés baladeurs dans les rues de Paris
clochards qui colportez les rumeurs de l'espoir
nous sommes lumignons qui dansons dans le soir
Amériques ouvertes au vent de la folie
nous sommes les sans-âme et pleurons dans les lits
nous buvons des poisons et nous devenons fous
nous chantons à Bruxelles aux ruelles cheloues
et mendions des signes d'humanité refaite
nous dansons titubant dans d'improbables fêtes
quand se lève le ciel les oiseaux qui dérivent
et les bateaux ivrognes s'échouent sur la rive
tant de guerres ont saigné tant de messieurs sérieux
ont saccagé le flanc d'un monde déjà vieux
les canaux d'Amsterdam brûlent d'un feu grégeois
on y voit des chiens nus qui vont mourir de joie
des chevaux affolés des sirènes ahuries
des vieillards frémissants qu'aucun vin ne guérit
ô monde des abeilles et des bourgeons naissant
ô monde merveilleux des hommes que le sang
et l'écume remplissent de plaies toujours ouvertes
ô songe dans les nuits aux embrassades vertes
comme un jardin d'été qui tremble et qui remue
c'est bientôt le printemps et ses nuées qui muent
je l'attends je l'attends et je rêve d'aurore
nous sommes aux ténèbres un grand miroir fait d'or
j'attends l'âge des hommes après le temps du gel
j'attends le temps des fleuves et des vents éternels
qui coulent et qui sifflent dans nos têtes bruyantes
j'attends le temps d'aimer qui m'obsède et me hante
nous sommes sur la grève regardant les navires
les bons les lents navires sur les rochers qui virent
venus de terres lointaines apportant les nouvelles
d'un univers de pain de lumière et de sel
champions de la démerde et des cafés fumant
ouvriers sans le sou à qui le patron ment
fillettes au turbin dans des caves obscures
nous sommes de la chair sous les machines dures
nous sommes héritiers des révoltes du siècle
nous sommes le lait chaud le tendre pain de seigle
et nous portons en nous dans nos ventres difformes
l'horizon et l'azur et la paix sous les ormes
nous sommes christs en croix et prophètes du feu
nous parlons le langage des plaines et des aveux
où galopent les gnous qui cherchent à manger
enfants qui dormez mal dans les rues de Tanger
baleines endormies au large des Bermudes
gazelles qu'un chasseur venu du Nord dénude
forêts bleues arasées mers dévastées et noires
villes sans ornements où les voyages foirent
nous sommes des montagnes creusées par la boue
nous allons à l'aveugle sans arriver au bout
du purgatoire où plongent les destinées humaines
pourtant nos vies nos voix ne nous semblent pas vaines
et nous chantons encore au plus fort de la braise
et nous goûtons encore la pulpe douce des fraises
quand enfin le printemps revient et nous enivre
quand partout les vivants ne tendent plus qu'à vivre
quand enfin nous aurons le miel et l'eau sucrée
et les pins odorants et les champs blonds des blés
les cités où les rues baignées d'ombre et d'amour
vibreront de passants dans la beauté du jour
ô sable des heures qui comme sang au poignet
passe du coeur du vent au corps d'amants ignés
j'attends j'attends j'attends une terre des hommes
une terre future dont nous sommes la somme

 

Commentaires

Nganji, 27.02.2016

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